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01.08.24

Les fleuristes racontent leur métier

C’est quoi être fleuriste aujourd’hui ? Pour bien comprendre les multiples réalités du métier au quotidien, comprendre les enjeux de la profession, et envisager son avenir, nous avons donné la parole à 3 fleuristes pour qu’ils nous ouvrent les portes de leur boutique et nous montrent les coulisses du métier.

Lors de notre précédente série, nous avons abordé l’histoire du métier de fleuriste : nous vous avions fait découvrir que les racines de la profession étaient intimement liées à la pratique de l’arrangement floral, et que l’on pouvait en trouver des traces dès l’Antiquité. Depuis, la profession s’est considérablement transformée. Pour comprendre les contours de ce métier d’artisanat, nous avons donné la parole à trois fleuristes aux profils très différents, mais qui se rejoignent immanquablement par leur amour du métier. 

Comment devenir fleuriste ?

Disons-le tout de suite : il n’existe pas de parcours obligatoire pour devenir fleuriste. On peut tout à fait devenir fleuriste sans passer les diplômes. C’est notamment le cas de Vincent, fleuriste à Paris, qui a baigné depuis tout petit dans le métier, et qui donc a connu les rouages du métier sans passer par le parcours classique. “En revanche ils sont très fortement recommandés : de mon côté, c’est vraiment parce que j’ai grandi dans un magasin de fleuriste que j’ai pu m’en passer”, détaille-t-il cependant. 

Il existe plusieurs niveaux de certification pour devenir fleuriste. La première étape, c’est de passer le CAP en 1 an, ensuite on peut passer le brevet professionnel en 2 ans, puis viennent ensuite le brevet de maîtrise et le brevet de maîtrise supérieure, où les fleuristes s’attachent surtout à perfectionner leur technique”, explique Twinnie de la boutique Apothéose à Caen

La première étape est donc de passer son CAP, que l’on peut préparer en 1 ou 2 ans. “On y apprend les bases de l’arrangement floral ainsi que les notions essentielles pour gérer un commerce, comme la vente et la communication par exemple”, nous explique Isabelle Brethomé, fleuriste aux Sables-d’Olonne. 

Comme le métier de fleuriste est une profession artisanale, et que l’apprentissage de son art n’est jamais vraiment terminé, il est aussi possible de prolonger sa formation. “Enfin, il est aussi possible de prolonger 2 années supplémentaires avec le brevet de maîtrise supérieure, où l’accent est mis sur la conception de grands décors, et le travail sur l’infiniment grand ou l’infiniment petit. On y offre aussi des cours renforcés en management”, précise Isabelle Brethomé.

Qu’apprend-on au juste au cours de ces études ? “C’est plutôt généraliste : on apprend aussi bien la technique d’art floral  et le dessin que la botanique. On y dispense aussi des disciplines très pratiques pour gérer son commerce, comme du droit ou du marketing. L’idée, c’est qu’à la sortie des études on soit en capacité de gérer notre commerce et de composer des bouquets qui nous ressemblent” résume Twinnie, fleuriste à Caen.

Si vous souhaitez devenir fleuriste, nous vous recommandons de vous rendre sur la page de l’ONISEP pour trouver les meilleures formations. Vous pouvez également prendre contact avec le CNPH-Piverdière ou l’Ecole des fleuristes de Paris

Quelles sont les qualités indispensables pour devenir fleuriste ?

Fleuriste, c’est un métier complet : le fleuriste est à la fois artisan, commerçant et chef d’entreprise. Nombreuses sont les qualités requises pour y exceller. 

Fleuriste, un sport de haut niveau ? En tout cas, une bonne condition physique est indispensable dans la pratique du métier. “Pour devenir fleuriste, je pense que l’essentiel, c’est d’être persévérant et endurant comme c’est un métier très physique”, résume Vincent, fleuriste à Paris. Un constat partagé par Twinnie : “Une fois la camionnette déchargée, je passe du temps à nettoyer toutes les fleurs, et à tout recouper. Je m’occupe ensuite de ma boutique, je refais les étals et je compose les bouquets de présentation”.

La seconde grande qualité sur laquelle sont d’accord les fleuristes, c’est sur la nécessité de devoir s’adapter en permanence. “Il faut savoir se montrer complet et surtout avoir le sens de l’adaptation. Être fleuriste, c’est bien sûr savoir composer des bouquets, mais c’est aussi gérer un commerce, avec le lot de gestion et de tâches administratives que cela suppose” détaille Vincent. Constat partagé par Twinnie : “Il faut savoir que quand on est fleuriste, on ne peut jamais finir ce qu’on commence, on est toujours interrompu ! Le téléphone sonne, un client arrive, on a un peu de ménage à faire… C’est toujours la course. Il faut être capable de s’adapter en permanence”.

Selon Isabelle, l’une des qualités indispensables est d’avoir une soif d’apprendre et de transmettre. “Il est important pour une profession artisanale de préserver son savoir-faire et de conserver le savoir accumulé par des générations et des générations de pratique”. C’est exigence de transmission du savoir-faire est même inscrit dans la charte des MOF. 

Mais peut-être que la première des qualités indispensables à la pratique du métier, c’est la passion. “Je le redis, oui le métier est difficile, mais attention : je suis une vraie passionnée, et je vais travailler tous les jours avec bonheur”, sourit Twinnie.

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Quel est le quotidien du métier de fleuriste ?

La journée d’un fleuriste commence aux aurores, puisqu’il faut s’approvisionner en fleurs, soit au marché de Rungis, soit dans des dépôts. Une fois qu’on a choisi les plus belles fleurs, on ouvre le magasin après la mise en place, et on commence à accueillir les clients” détaille Isabelle Brethomé. 

Une étape particulièrement cruciale pour les fleuristes, puisqu’il s’agit de choisir les plus belles fleurs à proposer en boutique. “Je passe beaucoup de temps à les choisir jusqu’à ce qu’elles me plaisent ; ensuite je les charge dans ma camionnette, direction la boutique”, nous confie Twinnie, fleuriste à Caen. 

Fleuriste est un métier aux mille facettes

Il faut aussi que les fleuristes restent vigilants aux nouvelles tendances, et se tiennent systématiquement au courant des nouvelles modes afin de proposer des compositions dans l’air du temps à leurs clients. “Le marché de la fleur est très évolutif et se réinvente sans cesse. Par exemple, on ne vendait presque pas de fleurs séchées il y a dix ans ; c’est pourtant devenu aujourd’hui une grande demande de la part des consommateurs qui souhaitent des créations florales qu’ils peuvent garder plus longtemps”, détaille par exemple Vincent, gérant de l’Histoire d’une fleur à Paris.

C’est également le cas des nouvelles technologies : “Enfin, les nouveaux moyens de communication nous imposent également d’être présents sur Internet, notamment sur les réseaux sociaux. Personnellement, je laisse carte blanche à mon équipe pour s’en occuper : je trouve que c’est un bon moyen pour qu’elle s’approprie la vie de l’entreprise et qu’elle partage sa propre vision de l’art floral !”. 

MOF, concours… Comment les fleuristes préservent leur savoir-faire

Fleuriste, nous l’avons dit plus haut, est un métier d’artisanat, et donc de transmission du savoir-faire. Pour préserver des techniques de composition parfois séculaires, le métier s’est organisé pour que la transmission s’opère entre les générations. 

Pour ce faire, les différents concours sont un excellent moyen d’entretenir la flamme de l’art floral à la française. On peut par exemple citer les deux concours organisés par la Fédération française des artisans fleuristes, comme l’Oscar des jeunes fleuristes qui vise à détecter les jeunes talents, ainsi que la Coupe de France des fleuristes dont l’objectif est de consacrer l’excellence de la profession. 

On peut aussi évoquer les compétitions internationales comme les World Skills, où la France pourrait prochainement envoyer une équipe de France des fleuristes pour défendre les spécificités de l’art floral français. 

Enfin, les meilleurs fleuristes peuvent prétendre au titre de Meilleur Ouvrier de France, comme c’est le cas d’Isabelle Brethomé. “Pour ceux qui comme moi ont une soif inextinguible d’apprendre, il existe le concours de Meilleur Ouvrier de France qui vise à consacrer l’excellence de la profession et à perpétuer l’art floral à la française”, détaille-t-elle. 

Est-ce à dire qu’il existe une forme d’élitisme au sein de la profession ? A en croire Isabelle Berthomé, c’est tout l’inverse, la perspective étant d’ouvrir l’excellence au plus grand nombre de fleuristes possible. “Pour moi, il ne s’agit pas d’un message élitiste qui est envoyé, bien au contraire : le mot d’ordre des MOF c’est au contraire d’ouvrir le savoir et d’accompagner tout le monde vers l’excellence dans sa discipline. D’ailleurs, la transmission de son savoir et son geste est une règle de la charte des MOF”, conclut-elle. 

C’est quoi être fleuriste aujourd’hui ?

Le métier de fleuriste est en perpétuelle évolution, et les professionnels du végétal doivent donc s’adapter en permanence. 

L’un des grands facteurs de chamboulement du métier, c’est évidemment la hausse des prix, d’abord en raison du Covid, puis de la guerre en Ukraine.  “L’augmentation du prix du gaz à la suite de la guerre en Ukraine a très fortement marqué notre profession. Le coût de production des fleurs a augmenté, et certains producteurs ont dû mettre la clé sous la porte face au manque de rentabilité”, mentionne par exemple Isabelle Brethomé.

Même son de cloche à Caen, où Twinnie a aussi été victime de la flambée des prix. “En matière de prix, les temps sont durs : les prix des fleurs ont flambé, et si on veut rester compétitifs et ne pas faire fuir le client, nous sommes obligés de sacrifier nos marges. C’est de plus en plus difficile de gagner correctement sa vie”, soupire-t-elle.

Mais le tableau n’est pas si noir, et nombreuses sont les sources de satisfaction pour les fleuristes, à commencer par le contact avec leur clientèle. “J’aime beaucoup prendre du temps avec mes clients pour leur expliquer ce que je fais et où je veux les emmener. C’est important pour moi de prendre le temps et d’échanger parce que le rôle premier du commerce de proximité, je pense que c’est de maintenir le lien social” explique par exemple Vincent d’une Histoire de fleur. 

Twinnie aussi trouve sa force dans la relation avec sa clientèle : “J’ai une clientèle d’habitués et de gens que j’apprécie, ce qui est vraiment essentiel pour moi. Ça peut paraître anodin, mais rien qu’un compliment sur ma décoration, sur laquelle je passe énormément de temps, ça fait ma journée”.

Et demain ?

De quoi l’avenir de la profession sera fait ? Nous avons posé la question aux trois fleuristes pour avoir leur impression. 

Selon Isabelle, les fleuristes ont toujours fait preuve d’une grande adaptabilité dans leur métier pour faire face à la conjecture. “Les artisans fleuristes trouvent toujours une solution pour s’adapter aux évolutions du marché. Je vais vous prendre un exemple : dans les années 80, les fleurs étaient très chères. Pour ne pas dissuader les clients d’en acheter, les fleuristes ont développé des techniques de composition avec peu de fleurs, notamment avec des compositions piquées” avance-t-elle.

Pour Twinnie, fleuriste à Caen, le métier doit davantage intégrer les aspects environnementaux pour correspondre aux nouvelles attentes des citoyens. “Pour moi le premier changement qui doit s’opérer c’est de prendre en compte les nouvelles exigences climatiques” détaille-t-elle. 

Selon elle, la profession est encore trop ancrée dans des pratiques “Je trouve que dans notre profession on est par exemple bien trop dépendants des emballages plastiques et on pourrait faire des efforts”. Cependant, la profession tente de raisonner sa pratique, comme en témoigne le guide de la transition écologique à destination des fleuristes réalisé par la Fédération française des artisans fleuristes (FFAF). 

Quoi qu’il en soit, les fleuristes peuvent être en première ligne d’une évolution durable des pratiques de consommation, par leur lien privilégié avec leur clientèle. “En tant que professionnels du végétal, nous avons un rôle à jouer pour transmettre les bonnes pratiques environnementales” conclut Twinnie. 

Vincent propose une piste de réflexion pour permettre aux fleuristes d’être plus respectueux de leur environnement : proposer davantage de fleurs issues de la production française. “Je pense que c’est intéressant de proposer davantage de fleurs françaises aux clients, en raison du contexte écologique qui est une question primordiale à mon sens. Et je ne suis pas le seul ! Il existe une nouvelle génération de fleuristes qui a envie de proposer des fleurs de saison en priorité”, détaille-t-il.

Un constat largement partagé par Twinnie : “Un autre aspect que j’aimerais voir davantage présent, c’est la mise en avant de la production locale”. La fleuriste considère cependant qu’il n’est pas toujours facile d’accéder à des informations fiables sur le sujet, même lorsqu’on souhaite vendre davantage de fleurs françaises. “Je suis par exemple allé voir la chambre du commerce et de l’industrie pour avoir un annuaire des producteurs de fleurs, mais visiblement ça n’existe pas encore et c’est dommage”, soupire-t-elle. 

Ces difficultés à se procurer de la fleur française sont aussi partagées par Vincent, fleuriste à Paris : “Le problème c’est qu’aujourd’hui l’offre française est insuffisante et mal référencée. On en trouve un peu à Rungis, mais ce n’est pas évident. Pourtant, les fleuristes seraient demandeurs d’une meilleure information à ce sujet”, explique-t-il.

Enfin, pour Vincent, l’appui sur les connaissances en botanique acquises par les fleuristes au cours de leur pratique pourrait être une piste de réflexion pour que la profession se réinvente. “Je pense que le métier de fleuriste a un gros potentiel dans la mesure où nous possédons des compétences botaniques qui pourraient s’exercer dans d’autres domaines. Par exemple, je commence à m’intéresser à l’herboristerie et à l’aromathérapie : peut-être que ce sont des pistes à étudier par les fleuristes ?”, conclut-il. 

Qui sommes nous ?

Sessile lutte pour l’indépendance des artisans fleuristes sur Internet. Fondé en 2019 par 6 amis, Sessile rassemble 500 fleuristes, engagés dans la transformation de la filière et permet déjà de livrer plus de 50% des Français. En brisant la logique de catalogue sur Internet, le réseau met en avant le savoir-faire de chaque fleuriste et contribue à faire vivre l’art floral. Les fleuristes peuvent faire vivre leur passion et conçoivent des bouquets plus créatifs car ils sont ainsi plus libres de proposer des fleurs de saison, des fleurs locales quand c’est possible.