Fleuriste et producteur : l’idée originale de Gilles Sonnet
Gilles Sonnet, fleuriste à Fontaine-lès-Dijon, a eu une idée originale pour proposer plus de fleurs françaises à ses clients : monter sa propre ferme florale ! Une initiative réjouissante, mais qui ne doit pas masquer les difficultés à proposer exclusivement des fleurs françaises à la vente pour les artisans fleuristes, face aux difficultés structurelles de la production.
Une petite présentation avant de commencer !
Je suis Gilles Sonnet et je suis artisan fleuriste, installé depuis 2002 à Fontaine-lès-Dijon. Ma boutique emploie aujourd’hui 6 salariés, dont 4 artisans fleuristes et 2 paysagistes pour accompagner nos clients dans l’entretien de leurs terrasses et jardins.
Que pensez-vous de la tendance de la fleur française ?
C’est évidemment souhaitable de proposer des fleurs françaises aux clients qui en font la demande. Je sens une véritable envie de retour au local de la part de ma clientèle, et c’est pourquoi nous en proposons autant que possible sur nos étals. On entend beaucoup parler de circuits-courts aussi essayons-nous de nous adapter…
En revanche, il faut garder à l’esprit que cette demande s’accompagne également d’une volonté d’avoir accès à un large éventail de fleurs : or, certaines saisons sont moins propices que d’autres pour proposer des fleurs françaises, comme l’automne et l’hiver. On essaie donc de compenser en faisant appel à de la fleur d’import, qui a poussé dans des pays où le climat est plus favorable, comme l’Equateur ou la Colombie.
Il faut ajouter à cela un déclin continu de la production de fleurs en France : depuis une quarantaine d’années, les exploitations ferment les unes après les autres. Aujourd’hui, il serait difficile de répondre à l’ensemble de la demande par des fleurs françaises.
Même si je sens une dynamique positive, avec un regain d’intérêt pour l’horticulture en France et des producteurs qui se lancent, la France ne dispose pas d’acteurs et d’infrastructures comparables à ce qui se fait en Hollande : pas de logistique aussi efficaces, ni de grossistes aussi volumineux. Le problème de la France est un problème de structure !
Comment faites-vous pour proposer davantage de fleurs françaises à vos clients ?
Tout d’abord, je travaille avec un acheteur dans le sud de la France qui achète des fleurs varoises au cadran de Hyères, et avec un fournisseur qui me met en relation avec les meilleurs producteurs varois.
En hiver, j’essaie au maximum de recommander des variétés de saison produites en France à mes clients, notamment des tulipes, des renoncules ou des anémones, qui rencontrent chaque année un grand succès.
On a pu noter un regain de compétitivité de la fleur française depuis la hausse du prix de l’énergie par rapport à leur homologues hollandaises cultivées sous serre. Les aides mises en place par le gouvernement comme le bouclier tarifaire ont aussi joué un rôle important : il faut noter que l’Etat français soutient ses horticulteurs.
En boutique, je pratique du 50/50 : 50 % de fleurs françaises et 50 % de fleurs importées (NDLR : la proportion est de 85 % de fleurs importées en moyenne en France). Mais ça demande un peu d’organisation, car il faut multiplier les interlocuteurs pour composer son stock.
A ce sujet, j’ai aussi quelques contraintes d’approvisionnement, comme les catalogues imposés par la transmission florale. Les bouquets proposés par ces opérateurs sont non seulement très éloignés du style que je pratique en magasin, mais ils me poussent aussi à proposer certaines fleurs que je n’aime pas travailler comme le chrysanthème ou le gerbera.
Afin de proposer des fleurs locales à vos clients, vous avez monté votre propre ferme florale. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
En effet, j’ai testé la culture de pivoines il y a 6 ou 7 ans, car je sentais une véritable envie de la part de ma clientèle pour les fleurs produites localement. C’était aussi une bonne façon pour moi de maîtriser les coûts en ayant la main sur une partie de la production. Comme les prix bougeaient beaucoup, c’était une bonne façon de faire des économies.
Depuis, j’ai officiellement créé ma propre ferme florale sur 2500 m² l’année dernière, et j’ai embauché une personne à mi-temps exclusivement pour s’occuper de la culture des fleurs.
Je cultive donc principalement de la pivoine et des feuillages. Au printemps, je sais que mes clients réguliers sont contents de pouvoir acheter des pivoines que j’ai produites moi-même, dans des conditions vertueuses.
Qui sommes nous ?
Sessile lutte pour l’indépendance des artisans fleuristes sur Internet. Fondé en 2019 par 6 amis, Sessile rassemble 500 fleuristes, engagés dans la transformation de la filière et permet déjà de livrer plus de 50% des Français. En brisant la logique de catalogue sur Internet, le réseau met en avant le savoir-faire de chaque fleuriste et contribue à faire vivre l’art floral. Les fleuristes peuvent faire vivre leur passion et conçoivent des bouquets plus créatifs car ils sont ainsi plus libres de proposer des fleurs de saison, des fleurs locales quand c’est possible.