Fleuriste : toute une histoire !
Aucun historien n’a consacré d’ouvrage spécifique à l’étude du métier de fleuriste, et c’est dommage ! En effet, peu d’autres professions n’ont autant changé au gré des cultures et des civilisations. Profession majoritairement réservée aux femmes, phénomène urbain, lien indéfectible aux cérémonies religieuses, puis à la mode, cet article ambitionne de vous donner un panorama large du métier de fleuriste, pour comprendre d’où il vient et imaginer où il peut aller. Vous retrouverez sur cette page les accès vers les articles que la rédaction de Sessile a consacré à la question.
Le métier de fleuriste a évolué au gré de la pratique de l’art floral : connaissant une hésitation prolongée entre production et confection, les contours de la profession ont mis du temps à s’affirmer avec évidence. Sans prétendre présenter de manière exhaustive l’ensemble de l’histoire du métier, nous avons retenu quelques faits marquants qui illustrent comment la profession a marqué peu à peu les jalons de son parcours.
De l’Antiquité au Moyen-Âge : les balbutiements du métier de fleuriste
On retrouve très tôt des traces d’art floral, dès l’Egypte ptolémaïque. A l’époque, on constate même l’existence d’un marché organisé le long du Nil, l’Egypte produisant suffisamment de fleurs pour en exporter en Grèce et surtout à Rome, dont la pratique de la guirlande fleurie irriguait aussi bien les cérémonies religieuses que les fêtes profanes. Une partie de la production égyptienne était même travaillée dans des ateliers spécialisés dans la confection de guirlandes fleuries, et préfigurent donc l’existence d’une forme archaïque du métier de fleuriste.
L’anthropologue anglais Jack Goody fait de l’Egypte le berceau de l’horticulture ornementale, et précise les deux conditions de sa naissance : l’existence d’une agriculture organisée, qui émerge dans une société hiérarchique. Les fleurs se vendaient principalement sur les marchés, bien que Jack Goody note aussi l’existence d’échoppes spécialisées.
En revanche, le christianisme et son refus des icônes a peu à peu provoqué un reflux de la création florale, donc de sa consommation : on visait davantage les fleurs éthérées du paradis que la célébration des fleurs terrestres. Les fleurs et leur usage étaient donc associés aux anciennes cultures païennes avec lesquelles le christianisme premier cherchait à couper les ponts. Ce n’est que très progressivement que la fleur conquiert à nouveau ses lettres de noblesse à travers les arts, laissant le champ libre au retour de la confection florale.
Vous pourrez consulter l’intégralité de l’article que nous avons consacré aux fleuristes de l’Antiquité au Moyen-Âge en suivant ce lien !
La structuration du métier de fleuriste à la Renaissance
Après avoir été réhabilitées par les artistes, les représentations de fleurs ne rencontrent plus l’obstacle des discours religieux. Au XVIe siècle, les grands voyages à travers le monde sont l’occasion de découvrir des variétés exotiques qui sont massivement importées en Europe, comme la tulipe ou encore le jasmin. Les élites européennes se prennent alors de passion pour la culture des fleurs de jardins, croisent les variétés pour en produire de nouvelles, et les montrent au public dans les jardins botaniques.
Cet intérêt de la science pour les fleurs, notamment aux Pays-Bas, provoque un engouement qui dépasse la seule sphère des savants : on voit émerger des spécialistes de fleurs, qui ne sont pas directement des producteurs, mais manifestent un certain savoir dans la connaissance des variétés, et que l’on nomme très rapidement fleuristes.
En France, c’est du côté de la mode que le métier de fleuriste fait ses armes, et on voit très rapidement se structurer une corporation des bouquetières chapelières, dont le métier était à la fois de vendre des fleurs sur le modèle de la vente ambulante, mais aussi de confectionner des chapeaux et des guirlandes fleuries.
Au XVIIe siècle, la profession se structure donc en corporation, et des statuts votés par le parlement affirment à nouveau les conditions d’accès à la profession et ses privilèges. Ainsi, quiconque souhaitant exercer cette profession devait tout d’abord être une femme, apprendre le métier pendant 4 ans auprès d’une maîtresse reconnue, et se devait d’avoir une moralité au-dessus de tout soupçon. En contrepartie, ces statuts protégeaient les bouquetières de la concurrence d’autres professions, en affirmant la vente de fleurs comme unique privilège des membres de la corporation.
La Révolution française et l’abolition des privilèges ont bien entendu rebattu les cartes, et la profession s’est retrouvée confrontée à une forme de précarisation temporaire, jusqu’à l’émergence des grands magasins qui ont consacré l’avènement de la fleuriste boutiquière. Vous saurez tout en consultant notre article sur l’essor du métier de fleuriste à la Renaissance !
La boutique modifie les représentations du métier de fleuriste
L’émergence des boutiques dans les grands centres urbains a profondément transformé la perception du métier de fleuriste. D’une profession de rue, où les qualités requises étaient la gouaille et une forme de débrouillardise, on passe à une profession qui gagne en respectabilité sociale, puisque la fleuriste de boutique doit au contraire manifester une forme de discrétion et de sens de la mode.
Peu à peu, les boutiques deviennent les pourvoyeurs principaux de fleurs dans les grands centres urbains, connaissant un essor sans précédent sous l’effet de l’industrialisation. Les politiques haussmanniennes de Paris ont par exemple aménagé de grandes artères commerçantes où se côtoient boutiques de luxes et boutiques de fleurs.
Progressivement, le métier se débarrasse des fantasmes liés à l’exercice d’un métier de rue, entouré des accusations traditionnelles de débauche et de roublardise. Vous retrouverez l’intégralité de l’article en cliquant sur ce lien.
Qui sommes nous ?
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