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19.07.24

Isabelle Brethomé, fleuriste jusqu'à l'excellence

Pour comprendre le métier de fleuriste, son quotidien et ses perspectives d’avenir, nous avons décidé de donner la parole à plusieurs fleuristes. Isabelle, fleuriste et Meilleure Ouvrier de France aux Sables-d’Olonne, nous livre ses sentiments sur la situation des professionnels de la fleur. 

Bonjour Isabelle, pouvez-vous nous présenter votre parcours en quelques mots ?

Je suis Isabelle Brethomé, et je suis fleuriste Meilleur Ouvrier de France aux Sables-d’Olonne. Je suis issue d’une famille d’artisans, et c’est assez naturellement que je me suis tournée vers le métier de fleuriste, que j’exerce depuis plus de 30 ans. Je me suis installée aux Sables-d’Olonne en 2016, où j’ai ouvert ma boutique, et mon époux fleuriste lui aussi s’occupe d’un autre point de vente au marché des Halles. 

Je suis fleuriste, mais je suis aussi formatrice, puisque j’enseigne le métier au CNPH-La Piverdière, ce qui m’a conduit à beaucoup voyager, notamment en Asie. Pour moi, la transmission du savoir-faire est l’un des aspects les plus importants de l’artisanat. 

En parlant de formation, est-ce que vous pouvez nous expliquer comment ça marche ?

La première porte d’entrée pour devenir fleuriste, c’est le CAP, qu’on suit en un an. On y apprend les bases de l’arrangement floral ainsi que les notions essentielles pour gérer un commerce, comme la vente et la communication par exemple.

Ensuite, si l’on souhaite aller plus loin, il est possible de suivre un brevet professionnel (BP) en 2 ans. Ce parcours est davantage orienté vers la créativité. On souhaite aussi que le stagiaire soit autonome dans la gestion de sa boutique. On y dispense une connaissance poussée de la technique d’art floral et des différents styles de composition. 

Enfin, il est aussi possible de prolonger 2 années supplémentaires avec le brevet de maîtrise supérieure, où l’accent est mis sur la conception de grands décors, et le travail sur l’infiniment grand ou l’infiniment petit. On y offre aussi des cours renforcés en management.

Et pour ceux qui comme moi ont une soif inextinguible d’apprendre, il existe le concours de Meilleur Ouvrier de France qui vise à consacrer l’excellence de la profession et à perpétuer l’art floral à la française.  

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C’est quoi une journée type quand on est fleuriste ?

La journée d’un fleuriste commence aux aurores, puisqu’il faut s’approvisionner en fleurs, soit au marché de Rungis, soit dans des dépôts. Une fois qu’on a choisi les plus belles fleurs, on ouvre le magasin après la mise en place, et on commence à accueillir les clients. C’est à partir de ce moment qu’on commence la composition florale.

Comme je suis cheffe d’entreprise, ma journée est aussi marquée par le management de mon équipe et des apprentis, par la comptabilité et la facturation.

Enfin, les nouveaux moyens de communication nous imposent également d’être présents sur Internet, notamment sur les réseaux sociaux. Personnellement, je laisse carte blanche à mon équipe pour s’en occuper : je trouve que c’est un bon moyen pour qu’elle s’approprie la vie de l’entreprise et qu’elle partage sa propre vision de l’art floral ! Ça donne un côté ludique à l’animation des réseaux sociaux.  

C’est quoi être fleuriste aujourd’hui ?

Beaucoup de choses n’ont pas tant changé : nous sommes toujours en première ligne pour aider nos clients à exprimer leurs émotions pour tous les moments qui comptent pour eux ! Le métier bénéficie aussi d’une belle image auprès du public, parce qu’une boutique de fleurs c’est beau et ça sent bon : les client en gardent donc une image bucolique. 

En revanche, il ne faut pas le cacher : c’est un métier difficile et très physique ! On ne compte pas ses heures, on travaille le week-end et on est toujours en train de faire quelque chose. Au moins on a pas le temps de s’ennuyer !

En revanche, sur les conditions matérielles de la profession, notamment le prix des fleurs qui a très fortement augmenté ces dernières années. Par exemple, l’augmentation du prix du gaz à la suite de la guerre en Ukraine a très fortement marqué notre profession. Le coût de production des fleurs a augmenté, et certains producteurs ont dû mettre la clé sous la porte face au manque de rentabilité. Par ailleurs, la Russie était un marché très porteur ; depuis, comme les relations diplomatiques ont changé, ce n’est évidemment plus du tout le cas. 

Mais en tant qu’artisan, nous faisons tout pour préserver nos clients de ces fluctuations de prix, quitte à rogner sur notre propre marge. 

Vous êtes une fleuriste un peu particulière puisque vous êtes MOF. Pouvez-vous nous en dire davantage ? Comment les fleuristes préservent-ils leur savoir-faire ?

Le métier de fleuriste est une profession d’artisanat : elle est donc marquée par un savoir-faire fort et traditionnel. Il est important pour une profession artisanale de préserver son savoir-faire et de conserver le savoir accumulé par des générations et des générations de pratique. Il faut savoir que l’art floral français s’aporte très bien à l’étranger. 

C’est pourquoi la profession organise régulièrement des compétitions pour détecter les talents et conserver le savoir-faire. Par exemple, il y a l’Oscar des jeunes fleuristes ou la coupe de France des fleuristes. A l’échelle internationale, il existe même une compétition mondiale qui s’appelle les World Skills

Parmi les fleuristes, un petit nombre deviennent meilleurs ouvriers de France. Pour moi, il ne s’agit pas d’un message élitiste qui est envoyé, bien au contraire : le mot d’ordre des MOF c’est au contraire d’ouvrir le savoir et d’accompagner tout le monde vers l’excellence dans sa discipline. D’ailleurs, la transmission de son savoir et son geste est une règle de la charte des MOF. 

Quel est selon vous l’avenir de la profession ?

C’est toujours difficile à prédire. Ce qui est sûr, c’est que les artisans fleuristes trouvent toujours une solution pour s’adapter aux évolutions du marché. Je vais vous prendre un exemple : dans les années 80, les fleurs étaient très chères. Pour ne pas dissuader les clients d’en acheter, les fleuristes ont développé des techniques de composition avec peu de fleurs, notamment avec des compositions piquées, où le contenant amortissait le coût. 

Quand les fleurs ont commencé à devenir plus abordables, les fleuristes ont commencé à proposer des bouquets jardins, plus fournis. Peut-être qu’avec les évolutions récentes des prix nous reviendrons à des compositions piquées ? Qui sait !

Qui sommes nous ?

Sessile lutte pour l’indépendance des artisans fleuristes sur Internet. Fondé en 2019 par 6 amis, Sessile rassemble 500 fleuristes, engagés dans la transformation de la filière et permet déjà de livrer plus de 50% des Français. En brisant la logique de catalogue sur Internet, le réseau met en avant le savoir-faire de chaque fleuriste et contribue à faire vivre l’art floral. Les fleuristes peuvent faire vivre leur passion et conçoivent des bouquets plus créatifs car ils sont ainsi plus libres de proposer des fleurs de saison, des fleurs locales quand c’est possible.