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13.12.24

Quelles variétés de fleurs produit-on en France ?

La production de fleurs en France apparaît en déclin depuis une vingtaine d’années, en grande partie en raison de la concurrence des fleurs importées d’Afrique et d’Amérique du Sud. Cependant, la filière demeure vivace et cultive encore des fleurs très populaires. Cette semaine, la rédaction de Sessile fait le point sur l’état de la production et sur les variétés les plus produites en France.

Production de fleurs en France, où en est-on ?

C’est un fait : la production de fleurs en France accuse un net recul depuis une vingtaine d’années. Aujourd’hui, entre 85 et 90 % des fleurs vendues en France proviennent de l’étranger, et ont dans leur immense majorité transitées par les Pays-Bas selon les données généralement relayées par Val’hor.  

Face à la concurrence internationale, le nombre d’exploitations floricoles en France s’est considérablement réduit. On considère à ce titre que sur les 8000 exploitations spécialisées en 1985, on n’en dénombre aujourd’hui plus que 500. A titre d’exemple, le recul de la culture des fleurs d’Île-de-France est spectaculaire : sur les 650 exploitations enregistrées lors du recensement agricole de 1988, on n’en dénombre aujourd’hui une vingtaine

Enfin, dans son dernier observatoire structurel, FranceAgrimer estime qu’entre 2019 et 2021, le nombre d’entreprises spécialisées dans la floriculture a diminué de 19 %. L’étude d’Excellence Végétale souligne de son côté que la production de fleurs en France a été divisée par 2 entre 2013 et 2018.

En parallèle de cette baisse du nombre d’entreprises, on constate une diminution constante des surfaces exploitées pour la production de fleurs coupées, de l’ordre de 27 %. En revanche, le chiffre d’affaires généré par les fleurs françaises a augmenté de 20 % en raison de la forte demande et la hausse mécanique des prix qui en a découlé. 

La concurrence internationale a joué un rôle, en proposant des fleurs qui sont faciles à conditionner et à transporter, ce qui peut se faire au détriment de variétés plus délicates” explique Xavier Désiré, producteur de fleurs en Île-de-France, contraint de cesser son activité horticole. Souvent, ces fleurs sont produites dans des conditions économiques sur lesquelles il est impossible de s’aligner pour un producteur français. Je pense notamment au coût de la main-d’œuvre, qui représentait près de 50 % de mon chiffre d’affaires”, ajoute-t-il. 

Pourtant, cette tendance est atténuée par la multiplication de petites fermes florales, qui passent souvent sous les radars statistiques, et qui démontre une vitalité insoupçonnée de la filière. Dans son étude sur le recensement de la population horticole, Excellence Végétale souligne que la démographie des producteurs est en train de se transformer. “Le premier constat est une vision relativement inédite de la population horticole, qu’on présente souvent comme très masculine et approchant de la retraite. En effet, nous avons identifié de nombreuses exploitations de petite taille, tenues majoritairement par des femmes de 35 à 45 ans en moyenne, et qui sont davantage issues de la reconversion, souligne Malorie Clair. 

La plupart des exploitations de fleurs sont de petites entreprises ; Excellence Végétale souligne que la moitié d’entre elles ont moins d’1,2 salarié, et que la plupart cultivent une surface inférieure à deux hectares. C’est d’ailleurs le profil de Fleurs des Champs, petite ferme florale de Rouez-Champagne dans la Sarthe. “Je dispose d’un peu plus d’un hectare, dont environ la moitié est réservé à la production de fleurs. Je cultive mes fleurs de deux manières : soit sous tunnel froid, soit en plein champ. J’ai aménagé un tunnel froid de 240 m², et je suis en train d’en monter un nouveau de 240 m². Chaque année, je cultive donc entre 25 et 30 variétés de fleurs différentes”, précise Amandine, gérante de l’exploitation.. 

Les variétés les plus produites en France

Selon les chiffres fournis par l’interprofession Val’hor, on estime à 183 millions le nombre de tiges de fleurs coupées cultivées en France, qui représentent environ 10 % des fleurs disponibles à l’achat. Dans son étude sur la filière, Excellence Végétale avance que sur les trois types de production de fleurs (roses, bulbes et fleurette), la production de rose a quasiment disparu du paysage français, à quelques exceptions près. 

Une récente note conjointe de Val’hor et FranceAgrimer établit le classement des fleurs produites en France : 

  • 10 % de pivoines (19 millions de tiges)
  • 9 % d’anémones (17 millions de tiges)
  • 7 % de gerbera (12 millions de tiges)
  • 5 % de roses (8 millions de tiges)
  • 5 % de renoncules (8 millions de tiges)

En revanche, ces chiffres sont encore très largement perfectibles, puisque la note catégorise 64 % des fleurs produites en France dans une catégorie “Autre”, en raison d’un très grand nombre de variétés produites en faible volume et d’une difficulté à rassembler les données. Cette donnée étonnante souligne à quel point il est difficile de connaître avec exactitude la nature de la production de fleurs en France. 

Si l’on se réfère à l’étude d’Excellence Végétale, on trouve sensiblement les mêmes variétés citées par les producteurs. Celle-ci indique que les variétés les plus citées par les producteurs interrogés sont le dahlia (26 %), la pivoine (24,5 %), les anémones et les tulipes (16,8 %) puis les renoncules et les zinnias (14 %). Bien que ces chiffres ne tiennent pas compte des volumes produits, ils sont un bon indicateur des variétés les plus populaires chez les horticulteurs.

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Une production régionalisée

La production est marquée par une forte régionalisation. Ainsi, celle-ci se concentre principalement sur deux régions, la région PACA qui concentre 42 % du chiffre d’affaires national de la vente de fleurs coupées, ainsi que dans la région Pays de la Loire. De manière plus sporadique, on trouve également des producteurs en Île-de-France, en Nouvelle-Aquitaine et en Bretagne.

La région PACA, et principalement le Var, est une zone historique de la production de fleurs. Son climat méditerranéen, avec son fort taux d’ensoleillement et ses températures chaudes, est propice à la culture de fleurs extrêmement populaires auprès des consommateurs comme la pivoine au printemps ou la renoncule en hiver. Selon le livre blanc de la traçabilité de l’Union Nationale des Fleuristes, on y dénombre 400 exploitants, qui se partagent un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros. La région est également un haut lieu européen du commerce de la fleur, puisqu’elle abrite le Marché aux fleurs d’Hyères, 4e plus important à l’échelle européenne, qui fédère également plusieurs coopératives de producteurs.

Les Pays de la Loire sont le deuxième bassin de production français, et un haut lieu de l’horticulture française. En effet, Angers est le berceau de nombreuses entreprises et institutions horticoles et dispose même d’un pôle d’excellence végétale, Végépolys. Le livre blanc sur la traçabilité précise que les fleurs qui y sont le plus cultivées sont le lys, le gerbera et le chrysanthèmes, et surtout le muguet. La région fournit en effet l’immense majorité du muguet consommé le 1er mai.

Enfin, l’Île-de-France abrite encore quelques producteurs de fleurs, bien que leur nombre ait drastiquement fondu en 40 ans. On estime aujourd’hui qu’il  n’y a plus que 120 entreprises horticoles dans la région, dont 20 sont consacrées aux fleurs coupées ; en 2018, son chiffre d’affaires représentait 3,5 millions d’euros. Les fleurs cultivées sont principalement des tulipes, des œillets, des dahlias ou des roses.   

Les fleurs françaises se sont adaptées à la concurrence internationale

La principale cause du déclin de la production française est la concurrence des fleurs importées, sur lesquelles les producteurs français ne peuvent pas s’aligner. Plutôt que d’être compétitifs sur le prix, les producteurs français ont donc fait le pari d’être compétitifs sur la qualité en s’orientant vers des variétés de niche qu’ils vendent aussi bien en France qu’à l’étranger. C’est ce qu’avance l’étude d’Excellence Végétale dans le cadre du projet Bleu Blanc Fleurs : “La filière française se démarque des concurrents étrangers par des productions de niche diversifiées et qui leur assure une place sur le marché national”. 

C’est notamment ce qu’il s’est produit dans le Var, qui abritait de nombreux producteurs de roses, dont la plupart se sont réorientés vers des variétés méditerranéennes. “Pour vous donner quelques chiffres qui illustrent mon propos, le Var comptait 120 producteurs de roses il y a 15 ans, ils ne sont désormais plus que 5. En revanche, on dénombrait seulement 6 producteurs de pivoines : ils sont aujourd’hui 180 !détaille Gilles Rus, directeur de développement de la SICA MAF.

Les producteurs du Var ont su se montrer adaptables et réactifs : ils ont réorienté leurs productions vers des variétés qui n’ont aucun mal à pousser sous nos latitudes et que peu d’autres producteurs ne produisent” précise encore Monsieur Russ. C’est le cas des pivoines que j’ai mentionné, mais c’est aussi vrai des renoncules ou des anémones qui sont aussi des fleurs très populaires. Peu à peu, les producteurs varois ont su développer une gamme de fleurs sur laquelle ils font la différence en matière de qualité” conclut-il.

La culture des fleurs en France est marquée par les bonnes pratiques

Autre fait notable concernant la production de fleurs en France, celle-ci se distingue par des pratiques relativement vertueuses en comparaison de leurs homologues d’importation. Tout d’abord le climat, notamment méditerranéen, se prête à merveille à la culture de fleurs sans avoir à recourir aux chauffage artificiel, l’une des pratiques les plus émettrices de CO2 au stade de culture. 

Les fleurs françaises sont par ailleurs cultivées pour moitié sous serre et pour moitié en plein air. Concernant les serres, l’étude démontre que seulement 31 % sont des serres chauffées. Par opposition, la culture des fleurs aux Pays-Bas est fortement marquée par la culture sous serres chauffées, très gourmande en énergie. Excellence Végétale avance aussi que la plupart des répondants à son enquête cultivent les fleurs en pleine terre (79 %). La culture aux Pays-Bas est principalement marquée par le recours à l’hydroponie, qui permet de mieux maîtriser la consommation d’eau, mais qui présente l’inconvénient de sortir la fleur de la terre.

Enfin, sur la question des phytosanitaires, la France se distingue par une réglementation parmi les plus rigoureuses de l’Union européenne. “L’usage de phytosanitaires fait l’objet de démarches de réduction, notamment à travers la mise en place de la protection biologique intégrée (PBI), qui consiste à substituer l’usage de pesticides par l’introduction de prédateurs dans les cultures”, confirme Véronique Brun, déléguée aux relations interprofessionnelles de la fédération nationale des producteurs, Verdir. 

Cette question s’avère cruciale, puisque les phytosanitaires interdits en Europe, présents sur les fleurs, ont récemment provoqué la polémique récente : le lien entre la leucémie de la fille d’une fleuriste et l’exposition de sa mère aux pesticides a été récemment établi en France par un comité d’experts. A cet égard, l’enquête Toxic Eden menée par Greenpeace en 2014 alertait déjà sur le phénomène : elle estimait qu’on retrouvait 40 substances interdites et nocives pour la santé dans les bouquets de roses issues de l’importation extra-européenne. C’est pourquoi, envisager un modèle de production à la française plus durable est une nécessité.

Les efforts des professionnels sont accompagnés de démarches de certification valorisant leur travail, notamment à travers les labels promus par Excellence Végétale, comme le label Plante bleue et la certification Haute valeur environnementale.

Une production pas encore totalement identifiée

Les données disponibles sur la filière fleur coupée sont parfois difficiles à rassembler, en raison de l’éparpillement des producteurs sur le territoire, ceux-ci étant souvent de petites fermes florales. Il est donc difficile de se figurer une représentation précise de la production de fleurs en France”, selon Inès Drouault d’Excellence Végétale.

Pour remédier à ce problème, Excellence Végétale a été mandatée par Val’hor et FranceAgrimer pour mener un recensement des floriculteurs français au sein d’un Observatoire de la production. Si de nombreux producteurs n’ont pas encore répondu à l’enquête, le projet démontre un volontarisme des acteurs de la filière de rassembler des données précises. 

Cette dynamique mérite d’être encouragée dans la mesure où un recensement précis de la population horticole ainsi qu’un inventaire exhaustif de la production pourrait bénéficier à l’ensemble des acteurs de la filière, et permettrait d’identifier des priorités de développement pour relocaliser une partie de l’activité en France. De ce point de vue, Sessile compte bien faire sa part !

Qui sommes nous ?

Sessile lutte pour l’indépendance des artisans fleuristes sur Internet. Fondé en 2019 par 6 amis, Sessile rassemble 500 fleuristes, engagés dans la transformation de la filière et permet déjà de livrer plus de 50% des Français. En brisant la logique de catalogue sur Internet, le réseau met en avant le savoir-faire de chaque fleuriste et contribue à faire vivre l’art floral. Les fleuristes peuvent faire vivre leur passion et conçoivent des bouquets plus créatifs car ils sont ainsi plus libres de proposer des fleurs de saison, des fleurs locales quand c’est possible.