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11.04.25

Ziggy, des fleuristes engagées à Marseille

Ziggy, boutique de fleurs à Marseille, c’est l’histoire d’une rencontre entre Capucine et Harmony, décidée à vendre des fleurs autrement, en mettant le local et la saisonnalité au cœur de leurs pratiques. Harmony a répondu à nos questions pour partager avec Sessile ses convictions pour la filière !

Bonjour Harmony, est-ce que tu peux nous présenter rapidement l’histoire de Ziggy ?

Je suis Harmony, et j’ai ouvert Ziggy dans le 6e arrondissement de Marseille avec mon associée Capucine. Ziggy c’est un clin d’œil à Ziggy Stardust de David Bowie dont on est fan toutes les deux avec Capucine ; comme le personnage de Bowie, Ziggy c’est un peu notre alter ego fantasque et créatif quand on compose des bouquets !

On a toutes les deux une formation de fleuriste et on voulait ouvrir une boutique pour participer à une dynamique de quartier. Le principe de notre magasin c’est de rendre les fleurs accessibles à tous, quel que soit le budget, parce que la fleur doit rester un produit démocratique. 

Question fleurs justement, on avait envie de proposer des sensations oubliées des gens qui nous rendent visite, en convoquant des souvenirs de fleurs de jardins et en proposant des variétés qu’on ne voit pas ailleurs.  Et évidemment, on souhaitait ne proposer que des fleurs françaises et en majorité des fleurs produites localement. On fait beaucoup de pédagogie auprès de nos clients pour promouvoir des fleurs produites localement, et surtout pour recontextualiser chaque variété dans le cycle de saisons.

Et pour pousser la démarche jusqu’au bout, on a ouvert notre propre ferme florale dans le 13e arrondissement de Marseille ! On cultive une vingtaine de variétés, et on proposera nos premières fleurs à nos clients d’ici le mois de juin.  

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton métier ?

Il y a vraiment beaucoup de choses qui me donnent envie de me lever le matin ! Ce qui me touche le plus, c’est de voir mes clients repartir émus en repartant avec leurs bouquets. Être fleuriste, ce n’est pas juste être commerçant, on fait appel à nous pour des moments chargés en émotions !

Une autre chose qui me touche, c’est la poésie du cycle des saisons… Tous les ans, je suis émerveillé par le retour de certaines fleurs, c’est toujours un moment très émouvant.

Quels sont les côtés les plus compliqués dans l’exercice du métier ? 

Un de mes regrets aujourd’hui c’est que la plupart des clients ont perdu le sens de la saisonnalité justement, et ça arrive très souvent qu’on me demande des fleurs qui ne sont pas disponibles. 

Je dirais que le phénomène est renforcé par le fait que les gens sont abreuvés d’images de fleurs qui circulent sur Internet : ils voient un joli bouquet sur Pinterest, nous le montrent et demandent la même chose. J’ai l’impression que ça leur fait un peu perdre le sens des saisons, mais aussi le sens de la valeur des fleurs. Les clients ne se rendent pas toujours compte de ce que vaut une fleur, mais aussi du travail, de l’énergie et de l’émotion que l’on met pour composer un bouquet. 

Tu dis que vous proposez 100 % de fleurs françaises ?

En effet, c’est un choix que nous avons fait dès le début. L’approvisionnement est donc une autre difficulté. Chez Ziggy on ne s’est pas facilité la tâche puisqu’on ne propose que des fleurs qui ont été produites en France, mais ça demande un travail supplémentaire. Evidemment, ça nous contraint sur les variétés qu’on propose en boutique, mais aussi sur les couleurs. 

On travaille principalement avec des productrices de fleurs locales et des grossistes en fleurs locales également ; il faut dire qu’on est dans une région où la culture de fleurs est encore très présente. C’est parfois un peu contraignant de faire la tournée des productrices avec lesquelles ont travaille, mais c’est le prix à payer pour proposer des fleurs qu’on aime à nos clients.

J’entends souvent que les fleurs françaises seraient plus chères que les fleurs importées, ce n’est pas ce que je constate de mon côté. La qualité est souvent au rendez-vous et elles ont souvent une excellente tenue en vase. 

Certains clients ont du mal à comprendre, mais d’autres sont au contraire très réceptifs à la démarche et n’hésitent pas à se laisser embarquer dans notre démarche ! Et puis il faut rappeler aussi que cette contrainte de variétés disponibles peut aussi être la source d’une grande richesse artistique quand nous composons les bouquets, parce qu’on doit se montrer inventives. 

Rejoignez-nous

Comment as-tu réagi à l’histoire d’Emmy Marivain ?

Ca m’a évidemment beaucoup secouée, comme tous les fleuristes j’imagine. En revanche je n’ai pas été surprise : on sait depuis longtemps qu’il y a des produits nocifs sur les fleurs importées. Ca fait aussi partie des raisons qui nous ont poussé à proposer de la fleur locale.

J’espère que ça provoquera une prise de conscience au niveau européen pour mieux prendre en compte la santé des fleuristes au travail. 

Pour toi, à quoi ressemble le ou la fleuriste de demain ?

Je ne sais pas si ce modèle serait applicable à tous les fleuristes, mais j’aime l’idée que la profession renoue avec la production, en produisant par exemple une petite partie des fleurs que nous proposons à notre clientèle. Je ne sais pas encore si c’est viable, parce que ça demande beaucoup de travail, mais je trouve que l’idée est très stimulante. 

En tout cas, je pense que la profession gagnerait à renforcer ses liens avec les productrices et les producteurs : j’aimerais beaucoup que les marchés aux fleurs, où fleuristes et producteurs se côtoient, reprennent un peu de couleurs, parce que c’était des lieux privilégiés pour créer des liens entre les professionnels du végétal.

Comment est-ce que Floribalyse pourrait aider les fleuristes ?

Je pense qu’un projet comme Floribalyse est intéressant pour convertir certains fleuristes à une consommation de fleurs plus raisonnée. On doit montrer l’impact qu’ont les fleurs importées : ça permettra à beaucoup de s’interroger sur ses pratiques et de mettre en place des solutions pour faire mieux. 

Qui sommes nous ?

Sessile lutte pour l’indépendance des artisans fleuristes sur Internet. Fondé en 2019 par 6 amis, Sessile rassemble 500 fleuristes, engagés dans la transformation de la filière et permet déjà de livrer plus de 50% des Français. En brisant la logique de catalogue sur Internet, le réseau met en avant le savoir-faire de chaque fleuriste et contribue à faire vivre l’art floral. Les fleuristes peuvent faire vivre leur passion et conçoivent des bouquets plus créatifs car ils sont ainsi plus libres de proposer des fleurs de saison, des fleurs locales quand c’est possible.